La fois où je me suis (encore) perdue

J'ai été perdue des fois.

Perdue dans mon univers psychédélique bizarre, perdue sur le sinueux chemin de la vie, perdue dans mes relations inter-relationnelles.

Ça a commencé bien avant l'automne dernier... En fait, du plus loin que je me souvienne j'ai toujours été mélangée dans mes idées.

Plus jeune, mon père m'a amené en voyage, ma mère m'apportait voir la famille lointaine et rapprochée, mon père m'initiait au grand monde du cinéma, ma mère faisait en sorte qu'on passe le plus de temps possible à jouer dehors. Ils m'ont fait essayer la gymnastique, l'équitation, le karaté, le bateau, la randonnée, pis toutes les affaires possibles. Deux parents, deux maisons, plein de choses différentes m'ont un peu déboussolée.

Ce que j'y ai découvert, c'est que dans tout ce désordre qu'est ma vie, il y a une chose qui reste là. J'en ai fait des dessins, je l'ai décrite dans mes mots d'enfants, j'ai essayé de comprendre ma fascination pour cette matière si commune.

L'eau.

Elle a toujours été mon modèle, une source d'inspiration inépuisable. Elle est imprévisible, en constant mouvement, emplie de diversité. C'est elle qui a fait surgit l'artiste en moi. Je sais que je suis à 70% composée d'eau, mais ma fascination impliquait une connexion plus profonde que celle de nature moléculaire.

C'est à l'adolescence que je l'ai perdue. La terre me gardait prisonnière, loin de mes racines.

I didn't feel like I belonged anywhere anymore.

J'ai commencé à lire plus, à m'enfermer dans ce qui me semblait une adaptation imaginaire suffisante à la réalité, pour me faire sentir un peu mieux. Mais une partie de moi semblait manquer à l'appel.

Puis j'ai pris la décision de toujours voir le positif de ce que la vie a à m'apporter, du moins essayer. J'ai commencé par moi, c'est certain. J'ai changé mon alimentation, mon apparence, pis toute. Et là, j'ai fait le grand pas, j'ai remis en question ce qui m'avait toujours pourtant paru clair et net, ancré au plus profond de nos océans d'aquis sociaux et d'idées pré-construites. J'ai commencé à ramer pour moi-même au lieu de laisser les autres le faire à ma place, pis j'ai découvert des choses. des CHOSES. Je venais de quitter le lac pour passer vers les eaux tumultueuses d'une mer, ou je sais pas quoi qui s'y apparentait.

Donc c'est ça, en automne dernier, presque l'hiver je dois dire, j'ai rencontré des gens qui partageaient des intérêts dont j'avais même oublié l'existence. J'ai ressorti ma caméra, mon agilité innée et mon goût de l'aventure. C'est ça qui arrive quand tu t'immerges la tête dans des idées pré-conçues en essayant de lire la même carte de navigation que tout le monde a reçu... Ça fonctionne, mais pas tellement à ton goût. Alors ce que j'ai essayé, au fond, c'est juste de me retrouver en retournant à la source de ce que j'étais en dedans, pour de vrai.

I burned everything, then burned the ashes like we say.

Pourquoi je vous parle de tout cela, déjà?

Comme je disais plus tôt, j'ai déjà été perdue auparavant. Plus qu'une fois, quelques petites fois et des grosses fois. Mais ce que j'ai déniché dans mon grand périple, c'est pas si mal que ça. Effrayant, incertain, mais c'est comme ça que les plus belles expériences commencent.

Alors toi qui lis ceci, si tu as peur de faire le grand pas, de te retrouver à la mauvaise place à marée montante ou de faire un trou dans ton bateau au milieu des eaux... Mon seul conseil, c'est plonge tête première dans le tourbillon de la vie. Je suis certaine que je vais me perdre encore, et que toi aussi, cher lecteur, tu vas t'oublier par moments. Mais il faut tenir le gouvernail à deux mains, et le ramener en cas de besoin.

En avant, capitaine.